Processions

2021, Les Noues (vinyle/digital)

album solo | solo record

violoncello piccolo, Roland JC-50, freeze & delay
violoncello piccolo, Roland JC-50, freeze & delay

enregistré en juin 2020 à la chapelle Saint-Jean, Mulhouse
recorded in june 2020 in Saint-Jean chapel, Mulhouse 

« Processions » a été enregistré à la Chapelle Saint-Jean, à Mulhouse. Stephane Clor joue dans l’espace austère et réverbérant de l’édifice d’un violoncelle picolo, assis dans une grande solitude avec son instrument amplifié, les murs réverbérant chaque son, comme un jeu d’ombres sonores. C’est une écriture solitaire dans le corps de l’instrument, tout l’instrument, non pas que les cordes vibrantes, mais aussi le bois de la table, du manche, qui craque et résonne derrière les phrases musicales apparues dans le sillage de l’archet. Le premier titre se déroule comme une lente procession, hypnotique, rythme frappé sur les cordes et le bois, évoquant le cheminement intérieur, bruits de percussions ferreuses ; le violoncelle est préparé. Puis les cordes se mettent en vibration, à la façon de Tony Conrad, âpres, obstinées, circulaires, ça grince, éventre le corps mélodique, installe l’auditeur dans une inquiétude, une attente. Le son est tranchant, vif, instable, épuisant la poétique de l’écoute, comme si Stéphane Clor voulait empêcher une écoute rêveuse, confortable, mais voulait nous inquiéter à l’image du monde dans lequel nous tournons sans fin. Musique de bourdons et de brisures, comme le chant d’une horloge détraquée, tournant dans le désordre des sens, aiguilles arrêtées. Les pièces sont courtes, là où l’on aurait pu attendre de longues durations comme chez les minimalistes qui ont dû l’inspirer, le disque est construit à travers sept étapes, des respirations brèves laissées entre, et la procession repart vers … « En porte-à-faux entre présent et passé, entre imagination et souvenir, entre poésie et réalité, j’hésite, je louvoie, je titube, j’oscille et par moments je me sens bien près de perdre pied. » (Michel Leiris). C’est ici l’auditeur qui perd pied, ne sachant dans quel temps plié il se trouve, dans quelle procession elliptique il avance. Il se laisse aller et jouit de ses sons qui pourraient ne jamais s’arrêter, continuer au-delà de notre présence.

par Michel Henritzi dans Revue&Corrigée, Juin 2021








PRESSE

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